Chères Consœurs, Chers Confrères,
Comme vous, j’ai pris connaissance vendredi de la Communication du Président de la CNCC.
Nous avons ainsi appris qu’après une première remontée des seuils publiée par décret le 29 février, le Gouvernement s’apprêtait en moins d’un mois à en fixer de nouveaux :
S’ils devaient être retenus, ces nouveaux seuils sonneraient le glas de l’exercice libéral de notre profession.
Le tissu économique français est essentiellement composé de petites entreprises dont le chiffre d’affaires est bien inférieur à 15 millions d’euros.
Comment une profession réglementée peut-elle être autant méprisée par les pouvoirs publics ?
Une réponse s’impose :
Inexorablement Bercy a pris le pas sur la place Vendôme.
Si nous sommes ignorés, c’est bien évidemment aussi parce que nous sommes totalement inaudibles.
Il ne sert à rien de se gargariser des excellentes relations entretenues avec notre Ministère de tutelle (chacun ne peut que s’en réjouir), lorsque le vrai pouvoir se trouve ailleurs.
Depuis la loi Pacte, la CNCC nous a sans cesse rabâché que nous avions une chance extraordinaire car de nouvelles missions s’ouvraient à nous et que, demain, nous allions certifier des données extra financières.
Soit, mais qui seront in fine les heureux bénéficiaires de cette manne ?
Grâce à l’ingéniosité de nos élites, qui ont merveilleusement négocié avec la Chancellerie et le H3C, devenu H2A, la clause du grand-père va nous permettre d’obtenir le Graal.
Beaucoup d’entre nous n’ont jamais été dupes sur l’identité des véritables bénéficiaires de ces nouveaux marchés, mais si on veut continuer à exercer ce métier, à attirer de nouveaux talents dans notre profession, il faut en passer par là…
Nous savons que la réforme des institutions appliquée pour la première fois en 2020 a, par le truchement de la création des collèges EIP et non-EIP, totalement livré aux grands réseaux la Compagnie Nationale en leur garantissant une majorité automatique, au mépris des règles démocratiques les plus élémentaires.
La question de la légitimité de la gouvernance de la CNCC a donc été posée dès le début de cette mandature.
Face à ce séisme, nous aurions pu espérer a minima une réaction forte, digne et collective.
C’est dans cet esprit que j’ai demandé dès vendredi après-midi au bureau national et à l’ensemble des Présidents de CRCC de faire preuve de courage et d’unité.
De manière très symbolique, nous aurions pu effectuer une démarche commune pour montrer à nos interlocuteurs que notre profession entendait être respectée et refusait en bloc ces nouveaux seuils.
Mais la CNCC s’est bornée à nous demander d’être unis, chacun ayant pour mission de communiquer dans sa CRCC pour dire tout le mal que l’on pense de ce projet…
Unis certainement, mais cela semble un peu court comme stratégie et nous ne pouvons pas rester immobiles et dociles en attendant les résultats d’une négociation dont nous sommes exclus.
Je considère que l’exercice libéral de la profession de commissaire aux comptes n’est plus représenté au niveau national.
C’est pourquoi la CRCC de Paris aujourd’hui, encore plus qu’hier, est déterminée pour défendre chacun et chacune d’entre vous sans se préoccuper des gesticulations inutiles.
Dès cette semaine, nous allons effectuer une étude pour mesurer concrètement l’impact réel que produirait une application de ces seuils. Nous allons par ailleurs prendre directement nos propres contacts pour exposer notre analyse de cette mesure pour les 2600 commissaire aux comptes de la CRCC de Paris.
Elle sera obligatoirement différente de celle présentée par la CNCC qui semble faire peu de cas du sort de très nombreux d’entre-nous, commissaires aux comptes exerçant dans des structures de petite taille ou de taille intermédiaire.
Nous n’avons pas les mêmes lunettes que celles des grands réseaux…
Je m’engage à vous tenir périodiquement informés des actions et des contacts que nous allons mener.
Il est clair que si la compagnie nationale a décidé vendredi de communiquer, alors qu’elle gérait seule et en catimini cette question d’intérêt général, c’est qu’elle considère bien aujourd’hui que le risque d’une remontée des seuils est plus que probable. Si nous arrivons collectivement à repousser ce projet nous en serons bien évidemment très heureux mais la question de savoir pour combien de temps restera posée !
Le pire n’est jamais certain, même si mon devoir est de ne pas vous leurrer sur nos chances de réussite. Nous allons néanmoins tout mettre en œuvre pour éviter ce fiasco et prendre notre part dans ce combat pour la survie de notre exercice libéral.
Je vous remercie de votre soutien et vous invite à nous communiquer vos attentes, et vos souhaits pour que votre compagnie, à son niveau, puisse encore mieux vous défendre.
Soyez persuadé(e)s, Chères Consœurs, Cher Confrères, de mon total engagement.
Vincent Reynier,
Président de la CRCC de Paris