Le peintre qui signe une toile fraîchement exécutée, l’écrivain qui paraphe des exemplaires de son dernier livre pour ses lecteurs, la rock star qui distribue des autographes, l’activiste qui appose sa griffe sur une pétition, un couple qui ratifie le registre de mariage, un chef d’Etat qui signe des lois avant leur promulgation … : autant d’exemples illustrant l’importance, parfois fondamentale, que revêt une signature. Et ce, qu’elle soit officielle ou privée, obligatoire ou facultative, et qu’elle engage une seule personne ou une équipe, une marque, une entreprise, voire un pays tout entier … et même au-delà dans le cas des accords internationaux.
Le signe visible d’un engagement
On pourrait définir la signature comme le signe visible, reconnaissable et authentifiable, d’un engagement - que ce dernier soit de nature juridique, économique, politique ou encore artistique. Un engagement comportant, bien souvent, une forte dimension éthique.
C’est pourquoi le fait de contrefaire ou d’extorquer une signature constitue un délit grave, passible de lourdes sanctions … même si l’écolier qui imite celle de ses parents sur un mot d’excuses maladroitement rédigé mérite sans nul doute une forme d’indulgence attendrie à laquelle l’escroc qui contrefait celle de ses victimes ne pourra pas prétendre !
De même, signer alors qu’on n’y est pas autorisé est répréhensible et réprimé. La signature est le gage d’une compétence, d’une légitimité et d’une responsabilité. Avoir le pouvoir ou non de signer une loi, un rapport, un chèque, un billet doux … : telle est la question !
La griffe du CAC se trouve (aussi) dans sa signature
La profession de commissaire aux comptes figure au nombre des professions investies d’un pouvoir de signature inhérent à leur identité, à leur image et, bien entendu, à leur déontologie. Vous avez pour clients la société X et Y ? Vous dites que vous « signez » chez eux. Signature vaut ici attestation et certification, mais c’est aussi une façon pour dire que ce sont vos clients.
La signature n’a rien d’une formalité. Pour le professionnel habilité, signer le rapport sur les comptes est une obligation. La vocation d’une signature est d’affirmer l’exactitude d’un fait, d’une déclaration, d’une situation comptable. Elle consacre leur authenticité tout en engageant la responsabilité du signataire. Et ce qui était vrai à l’époque de la signature à la plume d’oie le demeure à l’ère des paraphes dématérialisés et de la signature électronique.
Un crime lui-même peut tout aussi bien être « signé » - par un Arsène Lupin esthète et facétieux ou par un psychopathe repoussant, lequel n’hésitera pas, par bravade ou folie, à signer son propre arrêt de mort en signant ses crimes … Mais cela montre qu’il y a davantage dans une signature qu’une simple trace : on y décèle quelque chose de la personnalité de celui ou de celle qui laisse son empreinte, qu’il s’agisse d’un rapport d’expertise, d’une scène d’homicide ou d’une œuvre d’art.
Vous pensez que ce n’est pas le cas du CAC ? Erreur. Il signe et atteste, ratifie et certifie, mais tout au contraire d’une machine : en exprimant une opinion, étayée par une connaissance de la situation de l’entreprise. Sa signature reflète et entérine son opinion, donc une pensée. Il signe de son nom et révèle ainsi quelque chose de sa personnalité, de son style.
En signant, il s’engage, prend parti, se prononce. Rien de neutre, rien d’automatique dans le fait de signer … ou de refuser de signer.
Persister et signer dans l’excellence !
On le sait : par sa signature, le commissaire aux comptes protège les épargnants, les actionnaires et les tiers.
Sa signature est un vecteur de confiance et on pourrait presque dire qu’elle représente un signe extérieur de richesse technique, éthique et déontologique. A l’heure où investisseurs, consommateurs, clients, fournisseurs et toutes les parties prenantes de l’entreprise sont en quête de « bonnes signatures », sans ratures ni biffures suspectes, celle du CAC s’impose par sa qualité et son authenticité.
Maintenir le degré d’excellence et la haute réputation de cette signature tout en l’étendant à de nouvelles catégories d'attestations (en matière financière, sociale, RSE, cyber …) : signons les yeux fermés pour cette ambition juste et indispensable !
Olivier Salustro,
Président de la CRCC de Paris